PASCAL JANIN : « ON NE VIENT PAS LA FLEUR AU FUSIL »
Ancien gardien de but professionnel du SCO d’Angers, de Gueugnon, Orléans, Abbeville et Strasbourg, Pascal Janin est l’entraîneur du Stade Brestois depuis décembre 2006.
La situation actuelle de votre équipe correspond-elle à la fois à sa véritable valeur et à votre objectif du début de saison ?
A l’objectif, pas tout à fait. Nous visions un rang plus haut. Quant à la valeur, il faut croire qu’après 27 journées, le classement, normalement, doit y correspondre. Sur le jeu et dans plusieurs matches, nous pouvions faire mieux et prétendre à 4 ou 5 points de plus. Notre attaque notamment aurait dû être plus performante. Au début de la saison, nous estimions que l’équipe pouvait figurer dans le premier tiers du classement. C’est encore possible à une dizaine de matches de la fin. Nous avons connu en janvier-février un passage un peu difficile. Depuis, nous sommes plus réguliers. La 7e ou 8e place est dans nos cordes car l’écart est infime. Pour l’instant, l’important est d’atteindre au plus vite la barre des 40 points pour ne plus avoir de soucis de maintien, notre objectif dans un premier temps.
Dans quelle mesure Brest peut-il venir contrarier l’Estac ?
Les matches, il faut les jouer pour savoir. On observe les Troyens qui font un parcours exemplaire. Toutes les séries finissent par avoir une fin. On va donc essayer d’y mettre un terme. A l’aller, on aurait pu prendre plus que le point du nul. Troyes, défensivement parlant avait été solide, mais on lui avait posé des problèmes.
Comment allez-vous aborder la rencontre ? Avec prudence ou avec le désir de proposer votre jeu ?
On ne va pas se présenter la fleur au fusil, ou dire qu’on va venir pour bousculer les Troyens et les prendre à la gorge. On n’a pas les moyens d’aller chercher une équipe qui est bien partie pour monter. On va donc être attentifs et sérieux.
« On peut également être en danger à la formation »
Comme Denis Troch, vous avez joué gardien de but. Est-ce plus difficile qu’un joueur de champ de devenir entraîneur ?
La position de gardien vous fait prendre conscience de la partie tactique et mieux juger les déplacements des joueurs. Etant en retrait, on peut développer le sens stratégique et mieux voir les lignes. Ce n’est donc pas un handicap. Maintenant, il existe aussi de bons entraîneurs qui n’ont pas été de grands joueurs.
Vous aviez plutôt débuté cette carrière d’entraîneur comme formateur, à Strasbourg et à Metz, où vous aviez gagné la Gambardella avec les 18 ans. Pourquoi ne pas avoir poursuivi dans cette direction ?
Ça s’est fait naturellement. J’avais pensé que faire de la formation, ça vous donnait plus de temps pour faire le métier. Quand vous prenez une équipe pro, vous pouvez tenir 6 mois et puis sauter. Dans la formation, vous ne subissez pas de pression extérieure et vous travaillez dans la durée. Je pensais ça jusqu’au jour où, à Strasbourg, après avoir obtenu de bons résultats, un nouveau président est arrivé et m’a jeté parce que je ne lui revenais pas. Alors, puisque j’ai compris qu’on pouvait être également en danger à la formation, j’ai passé le DEPF. Entraîneur des gardiens à Brest dans un premier temps, c’est à moi qu’on a pensé quand il a fallu nommer un nouvel entraîneur pour l’équipe professionnelle. C’était la solution la plus facile et la plus économique.
« Tôt où tard, Brest retrouvera la Ligue 1 »
Une des places fortes du football français dans les années 80, Brest retrouvera-t-il un jour la Ligue 1 ?
Tôt ou tard, je le pense. Beaucoup en parlent et sont pressés de retrouver l’élite. Mais pour évoluer au plus haut niveau, il faut posséder des infrastructures que nous n’avons pas. Le nouveau stade va tarder à se construire. D’ici-là, il va falloir travailler, d’année en année, pour développer le potentiel de l’équipe. Et que le stade soit désuet ne doit pas nous empêcher de faire de belles choses sportivement parlant. Le rectangle vert, lui, ne change pas. Il est le même, que le stade soit grand ou petit. C’est la zone de vérité.
Pourtant, le Stade Brestois est à vendre…
Le président se rend compte en effet que pour grandir et devenir plus puissant, il lui faut des moyens supplémentaires. De sa part, c’est appréciable. Pour le bien de son club, il est prêt à passer la main dès lors qu’il aura l’assurance que le Stade Brestois aura les moyens de grandir.