vendredi 14 mars 2008 Ligue 2, J28
Clermont attendu chez les Ch'tis
Les clermontois se déplacent en terres boulonnaises avec l'ambition de se maintenir dans le premier tiers.
Guy Roux a rendu visite au Clermont Foot Auvergne ce mardi suite à l'invitation de Claude Michy et d'Hervé Mathoux.
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Le Clermont Foot, qui a pris pour habitude d'accueillir chaque saison une personnalité historique du football français, a eu le plaisir de partager une journée avec Guy Roux, entraineur le plus capé de la première division (894 matchs). Accompagné par Hervé Mathoux, Guy Roux est allé à la rencontre de la presse et des éducateurs à la Maison des Sports, avant de participer à un diner-débat avec les joueurs et partenaires. A son arrivée à Clermont-Ferrand, Guy Roux ne manque pas de rappeler les attaches de son ami et acolyte de Canal+ à la capitale auvergnate. « Hervé Mathoux est un de mes amis les plus chers. Nous avons commenté ensemble l'Euro 1996 et la Coupe du Monde 1998. Il me parle toujours de Clermont, il a cette ville dans son coeur. J'avais donc de bonnes raisons de venir ici. »
Interrogé sur l'avenir du Clermont Foot, le célèbre entraineur au bonnet se montre séduit par le projet à long terme de Didier Ollé-Nicolle. « Il a plutot bien commencé. C'est essentiel de travailler avec des gens de qualité car on ne peut pas mener un projet à bien tout seul. Je connais Olivier Chavanon pour l'avoir suivi à Bourges, et je connais le président depuis ce midi. Avec un petit groupe efficace de personnes, il est possible de renverser des montagnes. Clermont-Ferrand est un terreau fertile. C'est une grosse agglomération, avec une industrie de dimension mondiale, où il n'y a pas de concurrence régionale très proche mais où il y a des exemples voisins à Saint-Etienne et Lyon. » Guy Roux n'est pas inquiet de la concurrence menée avec le rugby. « Lorsque vous voulez réussir, il vaut mieux être en situation de concurrence plutot que de courir dans un désert. La concurrence permet de se donner plus de mal. Il peut y avoir une grande équipe dans les deux sports. Il y a sept jours dans la semaine, c'est suffisant pour se partager les jours de matchs ! »
Champion de France 1996, demi-finaliste de la Coupe d'Europe 1993 et quadruple vainqueur de la Coupe de France, à 69 ans Guy Roux est pourtant loin d'être blasé. Et quand il évoque devant les éducateurs ses tout premiers débuts à Auxerre, c'est comme si la salle faisait un bond de quarante-cinq ans en arrière. « Trop lent », il a renoncé à ses rêves de devenir joueur professionnel pour endosser la tenue de coach à 23 ans. « A l'époque, le club avait fait un vote pour désigner un entraineur. J'avais recueilli 4 voix pour et 7 voix contre. Mais les dirigeants m'avaient pris parce-que j'étais le moins cher ! Au premier entrainement, j'avais demandé cinq ballons, et j'en ai eu deux dont un de crevé. Je me suis dit que ça allait être difficile » Depuis, Guy Roux a hissé ce club de la division d'honneur jusqu'au plus haut niveau. Mais le meilleur souvenir de sa carrière reste sa première montée en CFA, celle qui a tout lancé.
Il enchaine les anecdotes avec humour, et conforte sa réputation de coach autoritaire, cette image légendaire de papa poule. « Après les entrainements, je regardais comment les joueurs s'habillaient, pour voir s'ils se préparaient à aller au bal. Je faisais le tour des habitations pour relever les compteurs kilomètriques des voitures et voir lesquels étaient sortis ! ». Plus tard sous l'ère professionelle, c'est aux agents de joueurs qu'il mena la vie dure. « Je demandais à l'agent devant les parents du joueur, si c'était lui qui lui avait changé les couches, emmené à l'école, puis au centre de formation. Une fois qu'il se sentait bien ridicule, je lui demandais quelle commission il voulait toucher sur le salaire. Au final, le joueur finissait par rester un an de plus. »
En début de soirée, Guy Roux inaugura le diner-débat avec Hervé Mathoux en remettant un livre d'or à Olivier Enjolras. Tout un symbole entre ces deux hommes fidèles à un club durant toute leur carrière. Ce livre illustré par les plus belles photos retrace tous les messages de sympathie envoyés par les internautes du site officiel en début de saison. La soirée se poursuivit avec des discussions à thème autour du métier d'entraineur et du rôle des médias. Amené à parler de la santé du football français, Guy Roux estima que la Ligue 1 est le championnat le plus homogène de tous les championnats européens, car il profite de la répartition équitable des droits TV. « Ce qui explique les nombreux matchs serrés en France. En Angleterre, les droits vont aux clubs les plus riches. On se retrouve avec des 4-0, 6-0 tous les week-end. Je suis sûr que le quatorzième de notre championnat serait beaucoup plus fort que le quatorzième de Premier League. » Il se félicite aussi des 18% de droits TV accordés à la Ligue 2 et des 5% accordés au football amateur.
Il regrette néanmoins, dans les clubs professionnels, l'augmentation des coups marketings au détriment des valeurs du sport. « Aujourd'hui, des clubs comme Lyon, Nice, sont prêts à sacrifier leurs couleurs historiques simplement pour vendre davantage de maillots. » Interrogé ensuite sur la possibilité de diriger l'équipe de France
, il affirme que l'occasion s'était présentée une fois, mais que le poste de sélectionneur n'était pas fait pour lui :
« je préfère vivre pendant 365 jours avec la plus belle fille d'Auxerre que de vivre durant 40 jours avec la plus belle fille de France ! »
Au terme d'une soirée enrichissante, Hervé Mathoux reçut le maillot du Clermont Foot qu'il promit d'encadrer dans son bureau de Canal+. Claude Michy offrit des produits du terroir à Guy Roux, ravi de pouvoir « faire des économies pendant huit jours ! » L'art de conclure en beauté ...